Suite à notre webinaire avec Laurent D’Avrincourt (Directeur du Pôle Cadre de Vie à la ville de Rueil-Malmaison), Charlotte Guiselin (Chargée du développement de la démocratie participative numérique à Rueil-Malmaison) et Julie Jaffré (KPMG, Service Public local), nous avons relevé 5 enseignements pour mener à bien vos projets de budget participatif.
1. Adopter une structure claire et transparente
La transparence et la clarté sont deux facteurs de succès majeurs pour les budgets participatifs. Bien qu’il n’y ait pas de recette magique pour réussir un budget participatif, et que les structures puissent varier en fonction des tailles et des besoins des différentes collectivités, les étapes sont généralement les suivantes:
- Définir les objectifs du projet avec les élu·es et les équipes internes.
- Définir le cadre du projet (écrire un règlement dans lequel on évoque le budget alloué, le calendrier, les modalités de votes etc). Certaines collectivités co-construisent ce règlement avec les citoyens.
- Lancer l’appel à projets. La communication est particulièrement importante lors de cette étape! Il n’est pas rare que les collectivités investissent dans des campagnes à grande échelle qui mêlent vidéo, affiches et emails. Si votre ville a déjà déjà mis en place des projets proposés lors de budgets participatifs par le passé, n’hésitez pas à donner des exemples pour aider les citoyens.
- Analyser la recevabilité des projets (notamment technique, financière et politique).
- Faire une campagne d’information grand public sur les projets présélectionnés.
- Organiser le vote (numérique, papier etc) et être transparent sur les résultats.
- Réaliser les projets et communiquer sur leur évolution. Des plateformes comme Go Vocal peuvent faciliter le suivi pour les habitants au cours et à l’issu des projets.
- Évaluer la réussite du processus et les axes à améliorer pour les prochaines éditions.
2. Communiquer tout au long du processus
La réussite de votre budget participatif dépendra de votre capacité à communiquer précisément et à informer vos citoyens tout au long du processus. À Rueil-Malmaison, le fait d’adopter une communication forte a permis d’avoir une mobilisation citoyenne significative. Comme l’explique Laurent d’Avrincourt “On ne pouvait pas faire 100m à Rueil sans voir un panneau portant sur le budget participatif. Nous avons pris le temps d’expliquer le fonctionnement aux habitants”. Charlotte Guiselin ajoute que la communication s’est aussi faite par étape. Sur la plateforme, la ville avait découpé le projet en phases claires (présentation de projets, analyse, vote, etc), permettant aux Rueillois de savoir comment évoluait le projet.
3. Obtenir le soutien des élu·es
Comme l’ont rappelé les intervenants, “il est impossible de mener ce genre de projets si les élu.es sont réticents”. Dans l’exemple de Rueil, le Maire était la personne la plus enthousiaste a l’idée de lancer le budget participatif. Le fait que l’idée vienne “d’en haut” a permis de faciliter le processus.
La réussite de ce projet a par la suite permis de rassurer les élus réticents et de les pousser à adopter davantage de projets dans ce sens. Comme l’explique Laurent d’Avrincourt, “Du côté des élus aussi il y a eu un énorme changement. Ils ont vu l’intérêt de s’appuyer sur l’expertise et l’intelligence collective. La première édition a permis d’accrocher tout le monde : élus et citoyens, les prochaines seront plus ciblés. Dans un premier temps, on mettra un budget participatif thématique, sur le développement durable notamment, ensuite on considérera des mini-budgets participatifs, des ateliers citoyens et ainsi de suite…”.
La réussite a été telle que le budget participatif est entré dans le programme du Maire qui a été réélu en 2020.
4. Être ouvert au changement
Il est facile de sous-estimer le travail nécessaire en interne pour les budgets participatifs. Comme l’explique Julie Jaffré de KPMG, “au-delà de l’investissement en temps, le budget participatif est une autre façon de travailler pour les agents publics. On est sur de la co-construction de la politique publique avec un lien élu-agent-habitant qui est un peu différent, car les habitants sont au cœur de la politique publique“.
Certaines villes ont donc modifié leur manière de travailler pour s’adapter à la consultation citoyenne. Par exemple, la ville de Rennes a ainsi désigné des agents référents chargés du suivi des projets retenus par le budget participatif.
5. Le budget participatif comme levier de transformation plutôt que fin en soi
Les intervenants sont unanimes : le budget participatif n’est pas une fin en soi. Il permet aux élus et aux habitants d’entrer dans une nouvelle dynamique et de réinventer le dialogue citoyen.
Les villes qui se lancent dans le budget participatif enclenchent bien souvent une dynamique vertueuse. Laurent d’Avrincourt explique ainsi que la ville de Rueil souhaite aller plus loin que la distribution des budgets et souhaiterait, à terme, co-construire le budget de la ville avec les citoyens. De plus, les économies permises par projets citoyens pour lutter contre les incivilités au quotidien et les dépôts sauvages seront réinjectées dans d’autres budgets participatifs.
Certaines collectivités comme Rueil ou Arlon ont même laissé aux habitants la possibilité de participer activement à la mise en œuvre des projets (comme par exemple des projets de fleurissement de la ville). Le citoyen devient ainsi acteur de sa ville, une belle manière de travailler le bien-vivre ensemble. À Rueil, l’appartenance à la ‘réserve citoyenne’ qui permet aux habitants de s’impliquer dans la ville est ainsi une source de fierté.
Vous souhaitez lancer un budget participatif dans votre ville ? N’hésitez pas à nous contacter !
Plus d’informations sur ce sujet:
- Le guide du budget participatif
- Le budget participatif en 3 études de cas
- 8 étapes pour un budget participatif réussi