Au cours des dernières années, Newham a lancé plusieurs projets remarquables en matière de participation citoyenne, parmi lesquels le Queen’s Market Good Growth Programme – un projet de 4,1 millions de livres visant à faire participer les habitants aux décisions d’aménagement local – mais aussi, plus récemment, la mise en place de conseils de quartier destinés à identifier les priorités locales pour les investissements publics, ou encore la création de la première assemblée permanente de citoyens tirés au sort en Angleterre.
Lancement des conseils de quartier
L’un des avantages indéniables des conseils de quartier est qu’ils sont ultra-locaux et populaires, ce qui permet d’obtenir des résultats très concrets, et généralement très visibles. Mais il peut être difficile de gérer toutes les propositions qui en émanent et de trouver un équilibre entre les besoins spécifiques des différents quartiers et les priorités générales de l’arrondissement. Newham a résolu ce problème en déterminant des phases claires dans le fonctionnement de ses conseils de quartier, avec un équilibre subtil entre les étapes de travail avec l’ensemble de la population et l’approfondissement de certaines questions par des groupes de travail plus restreints.
En divisant en plusieurs phases et en utilisant différentes méthodes de participation, la municipalité de Newham a permis à davantage de personnes de se sentir écoutées, créant ainsi les conditions d’une gestion plus fine de la collectivité.
Différentes étapes pour répondre aux différents besoins
Newham a décidé d’ouvrir ses conseils de quartier à tous ceux qui vivent, travaillent ou étudient dans l’arrondissement. L’équipe en charge de la participation citoyenne a également créé des groupes de travail spécifiques, composés d’habitants, de conseillers municipaux et d’acteurs locaux. Chacun a pu utiliser ses connaissances du terrain pour participer à l’ensemble du processus et s’assurer que les décisions prises répondaient réellement aux besoins des citoyens. Les conseils de quartiers ont ainsi été fortement responsabilisés.
Cette approche a permis à la municipalité de recueillir les avis de l’ensemble de la population sur les grands sujets et les priorités à aborder, tandis que les groupes de travail (qui se réunissaient au moins une fois par mois) ont pu ensuite travailler plus en détail sur les différents sujets et partager leurs conclusions à tous. Il aurait été très difficile de faire participer tout le monde sur tous les sujets en détails : cette approche a permis une participation de qualité, plus inclusive et efficace.
Mise en place des conseils de quartier
Lors de la première série de réunions des conseils de quartier de Newham, les groupes de travail ont collaboré avec les responsables des quartiers du conseil municipal pour faire des propositions. Au cours de la deuxième phase, ces groupes de travail ont joué un rôle de contrôle des projets proposés par la municipalité, pour s’assurer qu’ils étaient conformes aux besoins exprimés par les citoyens.
Lorsque Newham a lancé son cycle des conseils de quartier, elle a ouvert la consultation à tous les habitants et les a invités à soumettre des idées de priorités-clés sur lesquelles ils pensaient que le conseil municipal devait travailler pour leurs quartiers respectifs. Comme vous pouvez l’imaginer, cela a donné lieu à de nombreuses contributions et réactions de la population, que le groupe de travail a aidé à résumer, en analysant les données et en les regroupant en dix propositions.
Cette présélection a ensuite été présentée à tous les habitants pour un vote. Au final, les propositions les plus populaires ont porté sur les parcs et les espaces verts, la sécurité des quartiers, les activités pour les jeunes, ainsi que le nettoyage et l’embellissement des rues. Suite au vote des priorités, des groupes de travail ont collaboré avec la municipalité pour concevoir des solutions concrètes permettant de s’attaquer aux trois domaines prioritaires identifiés pour chaque quartier.
Investissements publics et conseils de quartier
Newham est allé encore plus loin dans sa démarche en accordant un financement à chaque quartier : 25 000 £ par quartier au premier tour, et 100 000 £ par quartier au second tour. Une fois que chaque quartier avait identifié ses trois principales priorités, les habitants ont été invités à proposer des idées de projets par catégorie et ont fait un exercice de budgétisation participative pour financer leurs idées. À la fin de la phase d’allocation des ressources, l’équipe de Newham a annoncé les décisions budgétaires et a partagé des informations claires sur les étapes à suivre.
Vous vous demandez peut-être comment Newham a pu allouer un tel montant de financement impressionnant ? En 2019, les dirigeants de Newham ont demandé à une commission indépendante de mener une enquête sur ce qui permettrait l’épanouissement d’une démocratie plus participative dans l’arrondissement. La première étape de cette enquête était la consultation des habitants de l’arrondissement. Sur la base des résultats, la commission a formulé des recommandations, parmi lesquelles l’allocation collective d’un des budgets du conseil municipal – le fonds Community Infrastructure Levy – en grande partie conditionné à l’utilisation judicieuse des fonds de développement dans cette zone à croissance rapide, pour soutenir la budgétisation participative locale.
Résultats des conseils de quartier de Newham
Dans la phase finale des conseils de quartier de Newham, 82 projets ont été choisis (environ 10 par quartier) pour mettre en place des jardins partagés, créer des voies vertes, lancer des programmes pour les jeunes, travailler sur la sécurité des quartiers et faciliter les marchés pop-up – entre autres choses – à travers Newham.
“Comme il s’agit d’un projet local, les citoyens peuvent voir les résultats par eux-mêmes, par exemple quand des jardinières sont installées juste en bas de chez eux. En constatant l’impact réel dans leur quartier, ils se rendent compte qu’ils ont un rôle à jouer.”
Amy Rosa, coordinatrice de la démocratie participative à Newham
Autres enseignements sur la participation citoyenne
L’équipe de Newham est restée ouverte à l’amélioration continue, en faisant des ajustements au fur et à mesure du processus. Pour les premiers conseils de quartier, elle avait opté pour un tirage au sort des groupes de travail, pour rendre le processus aussi équitable que possible. Mais, après l’enthousiasme des débuts, elle a constaté le désengagement de certaines personnes, qui n’étaient pas aussi disponibles que nécessaire. Suite à certains retours des participants, ils ont décidé de mettre en place un système de candidatures, pour s’assurer que les personnes faisant partie des groupes de travail étaient vraiment engagées et disponibles pour le projet.
“Même lorsque vous améliorez le processus, il y a toujours des phases de mise au point et d’apprentissage. Par exemple, nous avons décidé de proposer une indemnité aux participants, pour compenser le temps consacré à la deuxième phase. Au fur et à mesure que le groupe s’est impliqué, les participants engagés nous ont fait part de leur satisfaction concernant la diversité du groupe et la façon dont ils avaient pu travailler ensemble et résoudre les conflits.”
Andy Paice, consultant externe qui travaille sur le projet des conseils de quartier de Newham depuis ses débuts.
Et l’apprentissage ne s’est pas arrêté là ! Bien que Newham ait initialement lancé sa plateforme Co-Create en réponse à la pandémie, l’équipe municipale a bien l’intention de continuer à l’utiliser pour d’autres projets. “Les solutions numériques ont permis d’augmenter considérablement le nombre de personnes votant pour des projets et, en ce sens, la participation a été beaucoup plus large. Depuis que nous avons commencé à utiliser la plateforme, il y a beaucoup plus de projets auxquels les citoyens peuvent participer, ce qui leur donne plus de choix pour s’impliquer dans différents domaines de la collectivité”, ajoute Amy.
Dans ce contexte de passage au numérique, l’équipe a également pris en compte les différentes capacités et accès aux outils numériques au sein de la collectivité. À l’instar des mesures d’accessibilité comme la présence d’interprètes en langue des signes lors des réunions en présentiel, elle a fait en sorte que tous ceux qui voulaient participer à la plateforme Co-Create pouvaient le faire sans obstacle technique.
“Un retour qui nous a été fait à plusieurs reprises est le souci des citoyens de ne pas exclure ceux qui ne sont pas familiers avec le numérique. Dans certains de nos quartiers, la collectivité a organisé des séances à la bibliothèque pour les personnes n’ayant pas accès à internet chez eux. Nous avons également trouvé un équilibre entre des réunions en personne le matin et des réunions en ligne le soir. Nous cherchons maintenant à développer ces initiatives”, ajoute Andy.
Cet exemple vous inspire et vous souhaitez mettre en place des conseils de quartier ? Voici quelques lectures pour approfondir le sujet :
- Guide : Comment mettre en place une assemblée citoyenne
- Article : L’échelle de la participation citoyenne
- Étude de cas : Comités citoyens et budgets de quartier : la ville de Gand développe la démocratie hyper-locale